« Le seul pays où
nous avons des pétitions est l'Allemagne. Il y a non assistance à
personne en danger, à citoyen EU en danger, à enfant en danger», déclare Philippe Boulland qui rajoute, ne faisant en fait que répéter dans un copier-coller les accusations d'Olivier Karrer, que «
les parents doivent se battre seuls face à une administration complexe
et bien huilée. Le dispositif allemand donne automatiquement raison aux
parents allemands. La seule possibilité est de médiatiser pour
culpabiliser les Allemands ». Philippe Boulland a subi une
attaque virulente du député et avocat expert en droit de la famille,
Rainer Wieland (PPE), durant la rencontre en commission des Pétitions,
l'accusant d'adopter subitement une position inverse à celle qu'il
aurait prise à Berlin et de défendre des actes punis par la loi.
La
commission des Pétitions a, dans un effet de passe dont elle a le
secret, grâce à l'intervention des députés italiens et français, décidé
le jour même de la conférence de presse d'entendre en commission les
victimes de l'Allemagne alors que les parents avaient été informés le 20 mars de son annulation.
Durant le débat à la commission des Pétitions, la politique d'une
Europe exclusivement germanique s'est imposée aux observateurs par les
déclarations du député allemand et autrichien. Cette mauvaise
organisation n'a pas permis de réunir des Hollandais, d'autres Français
trop éloignés pour s'organiser ou d'entendre parler les victimes
polonaises et un grand nombre de victimes allemandes. Normalement, la
salle aurait dû être pleine à craquer comme un amphithéâtre de faculté à
un cours important.
Les pétitionnaires.« Ce matin à 9 heures nous avons reçu un appel nous informant que la commission des Pétitions voulaient nous entendre
», dit un parent français. D'autres parents n'ont été informés que lors
de la conférence de presse de 15 h. Les pétitionnaires présents, des
Allemands, des Français, des Italiens, un Grec, étaient venus pour la
conférence de presse pour dénoncer l'annulation de l'audition de leurs
pétitions. Ils n'étaient pas préparés pour parler et défendre leur
dossier en cinq minutes et tous n'ont pas fait le déplacement car il
leur avait été dit que la rencontre avait été annulée.
Marinella Colombo, italienne, (2 enfants), Lionel Gilberti, français,
(2 enfants), Cédric Laurent, français, (1 enfant), sont les cas les plus
médiatisés actuellement. Luigi D'Aloia, un père italien, qui vit à
Berlin depuis 1979, qui doit lutter constamment pour ne pas perdre ses
deux enfants en Allemagne, montre durant l'audition des Pétitions les
deux passeports italiens de ses deux enfants : « L'Allemagne
refuse de reconnaître la nationalité italienne de mes deux enfants. Une
simple personne de l'administration de l'école dit que mes enfants ne
sont que de nationalité allemande. L'état civil allemand a édité un acte
de naissance allemand sans décision de justice où mes enfants n'ont que
le nom de la mère alors que sur les actes de naissance italiens mes
enfants portent mon nom. En plus la mère allemande avait signé en
donnant son accord pour les actes de naissance italiens». Luigi
D'Aloia, qui réussit actuellement à avoir ses enfants une semaine sur
deux, est indigné par le fait que l'autorité allemande ait changé l'état
civil de ses enfants sans décision de justice, ce qui rappelle un autre dossier français où la petite fille née en France s'est retrouvée avec deux états civils différents, ce qui est pourtant interdit.
Conférence de presse. Une
source proche des dossiers dit avoir été surprise de ne voir que des
députés tenir la conférence de presse à la place des parents. « Philippe Boulland est en pleine campagne électorale. On oublie le travail des Italiens»,
dit une source proche du dossier certainement irritée de voir que rien
n'a bougé depuis le début de son mandat. Alors que Philippe Boulland
parle durant la conférence de presse des
divorces, Marinella Colombo reprend l'eurodéputé pour lui dire que les
couples non divorcés et non séparés sont aussi menacés de voir leurs
enfants être retirés par le Jugendamt : « Le
Jugendamt retire aux couples italiens, polonais, français leurs enfants
pour les donner à des familles allemandes. Ce n'est plus la question du
divorce, c'est un problème de racisme. Chez tous les fonctionnaires
allemands, la meilleure chose pour un enfant c'est de vivre en
Allemagne. Nos enfants étaient bilingues».
Philippe Boulland confirme un échec total devant les trois ou quatre journalistes présents dans la salle : « Nous
devons être la chambre d'échos auprès des gouvernements respectifs car
les instances n'ont pas le pouvoir d'imposer des décisions pour rétablir
le droit de certains de leurs concitoyens. Nous avons un échec avec les
instances à Berlin, avec le ministère de la famille, les avocats, les
associations. Nous n'avons rien obtenu. La seule possibilité est de
médiatiser pour culpabiliser les Allemands(remarque étonnante car
Philippe Boulland ne répond pas à nos demandes d'entretien et son
assistant bilingue, pourtant en charge de ces dossiers, qui ne veut pas
être cité, ne répond pas aux questions par mail). Nous avons un échec au sein du Parlement européen pour refus de diplomatie des Allemands. »
Cristiana Muscardini (ECR) dit que l'Europe ne peut pas exister dans un tel état. « Le
Jugendamt a tous les droits d'enlever les enfants. Les enfants ont le
droit de connaître la culture des deux pays. L'Allemagne avec le
Jugendamt prend aux gens mariés ou vivant en couple les enfants pour les
apporter en Allemagne. On ne peut pas vivre dans une UE ou les produits
peuvent circuler partout et où les enfants n'ont pas les mêmes droits.
Le silence de la Commission, de l'institution européenne, de
l'institution nationale, n'est pas acceptable. Les pays qui ne peuvent
pas faire respecter les intérêts des enfants ne peuvent pas rester en
Europe ou si l'Europe ne reconnaît pas le droit des enfants, ce n'est
pas l'Europe que nous voulons. »
Heiderose
Manthey, de nationalité allemande, fondatrice de l'Arche,
ex-enseignante, dont le Jugendamt lui a pris ses enfants, et présente en
tant que journaliste, dit qu’« il
faut punir l'Allemagne. Cette politique détruit des générations de
futurs adultes. La violence augmente dans nos écoles et dans notre
société ». Les parents allemands présents à la commission des
Pétitions avec les autres parents parlent de l'existence d'un système
pour enlever les enfants.
Position allemande. Rainer Wieland et la députée autrichienne, Angelika Werthmann, qui vante sur son site internet
le travail de l'Europe pour la paix sociale, ont clairement expliqué
que le droit allemand a priorité sur les autres droits et qu'il n'existe
pas de système pour retirer les enfants. « Des
cas de violations de pensions alimentaires n'ont rien à voir avec le
droit européen. La Charte européenne des droits humains doit s'appliquer
pour tout le monde mais dans la situation actuelle, elle est
contraignante dans le droit européen. Il faut savoir dans quel cas les
États ont une marge nationale et doivent se tenir à leur droit
fondamental», lance Rainer Wieland, patron des lobbyistes allemands au Parlement européen et qui refuse toute transparence, comme l'écrit le Spiegel. Visiblement agacé par son collègue français, Rainer Wieland apostrophe Philippe Boulland : «
Vous avez insisté pour que le calendrier à Berlin soit très serré. Nous
avons parlé avec les juges allemands et français de centres
d'arbitrage. Un juge français m'a dit ne pas voir ce qui aurait était
plus mauvais dans le système allemand que dans le système français. Nous
avons demandé à assister à une audience. Vous avez veillé à ce que ce
ne soit pas possible et je suis étonné que vous avanciez cet argument ».
La
commission des Pétitions a décidé de se plaindre à la Commission
européenne en demandant aux autorités allemandes de résoudre ces
différents cas. Questionné par une journaliste sur l'utilité et le
résultat de cette rencontre et agacée de voir l'impuissance de
l'eurodéputé Philippe Boulland, ce dernier semblait désemparé. Pendant
que Rainer Wieland et Angelika Werthmann évoquent une situation normale
et identique à d'autres pays, le service fédéral allemand des
statistiques parlent de 110 enfants retirés en Allemagne à leurs parents
chaque jour par le Jugendamt. N
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